Le célèbre
producteur, metteur en scène et acteur comique Patruz Sob
Aiztian est décédé lors d'une audition.
Mercredi dernier, au théâtre de Salinka
se déroulaient des auditions en vue de choisir l'acteur principal
pour la fameuse pièce " La vérité est
un leurre ".
L'intrigue de cette oeuvre, de Yanns-Oudes Borius de Larminat, raconte
comment suite à des années d'esclavage un frêle
enfant queniëlen devient un puissant guerrier berserk puis
sauve une princesse d'un dieu serpent.
Dès neuf heures, ce mercredi, régnait
une agréable atmosphère de fête sur la place
du théâtre, tel barde répétant quelques
textes, tel acrobate exerçant son agilité, tel guerrier
s'entraînant à des passes d'arme. Toute cette sympathique
clique s'agitait sous l'oeil bienveillant et amusé des riverains.
A dix heure, arriva M. Sob Aiztian qui fut acclamé
par la foule jusqu'à ce qu'il disparaisse derrière
les portes du théâtre, accompagné de M. Lucent
de la Parvourth directeur du théâtre et de ses assistants
MM. Trémulo Longo, Ethyl Orbath, Abram et Iorg Wrongass,
les fameux jumeaux parfaits qui ont plus d'une fois profité
de leur parfaite ressemblance pour jouer des tours pendables même
à leurs parents qui n'y voyaient que du feu. Ainsi que Mlle.
Annabella Catzberg qui devait tenir le rôle de la princesse.
Une demi-heure plus-tard, les premier artistes,
le coeur battant, furent invité à se présenter
devant leurs juges, alors que de nouveaux arrivant venaient toujours
grossir la foule des artistes plein d'espoir. Un quart d'heure plus
tard, les premiers auditionnés sortaient enfin, qui avec
le sourire, qui avec grise mine. D'après la foule les auditions
allaient certainement se dérouler sur deux jours plutôt
que durant la seule journée prévue au départ.
C'est en milieu d'après-midi que le drame
arriva.
En effet, après avoir entendu un terrible
hurlement de rage, d'impressionnants bruits de mobiliers détruits
et d'angoissants cris de terreur, surgit une montagne de muscles
couverte de peinture blanche, portant négligemment Mlle.
Annabella Catzberg sur ses épaules, cette dernière
faussement effarouchée s'égosillait à en perdre
haleine en suppliques: " Oh, oui! Ma sublime brute arrache
moi à cette vie de cabotin qui est mienne! ", tout en
griffant et tapotant la poitrine de son ravisseur. Gageons que pour
cette fois, ce ne sera pas encore qu'une passion éphémère.
Le couple disparu rapidement à travers le dédale de
rues du quartier. Ils n'ont toujours pas été retrouvé
et les autorités laissent entendre à demi-mots étouffés,
que ce ne sera certainement pas le cas à court terme.
Après avoir retrouvé leurs esprits,
quelques personnes sont entrées dans le théâtre,
alors que les premières patrouilles de milice accouraient
attirées par les cris entendus précédemment.
Un abominable spectacle s'offrit alors à
leurs yeux incrédules. Un grand nombre de sièges était
sans dessus dessous, certains étaient plantés dans
les murs du théâtre, révélant la force
avec laquelle avaient volé les sièges. C'est d'ailleurs
en voyant des jambes sortant d'un mur que la jeune recrue de milice
Ellys Taffio fit une syncope. Sur la scène, une grande partie
du décor alors en place était détruit. A côté
d'une porte factice se trouvait un seau renversé et une flaque
de peinture blanche.
Ils découvrir alors MM. Sob Aiztian, De
la Parvourth, Longo, Orbath, et les frères Wrongass parmi
les décombres. M. Sob Aiztian était empalé
sur un chandelier à sept branches. Quand on l'a trouvé,
il vivait encore et il aurait déclaré, " mon
plus grand désir était de mourir en scène.
Merci d'être mes spectateurs. " après quoi il
expira, il aura finalement ému quelques spectateurs. M. Lucent
de la Parvourth le directeur du théâtre avait la boîte
crânienne défoncée par un violent coup de poing.
MM. Trémulo Longo et Abram Wrongass ont eu des membres arrachés,
mais ils sont toujours en vie. MM. Iorg Wrongass et Ethyl Orbath
n'ont que quelques os brisés menus. Au moins dorénavant
tout le monde reconnaîtra facilement les jumeaux Wrongass,
voilà au moins un point positif dans cette terrible affaire.
Finalement on retrouva qu'en même dans tout
ce fatras des gens, employés du théâtre ou artistes
présents pour l'audition, tout à fait indemnes, leur
profonde sagesse leur ayant dit de rester cacher, mais malgré
tout choqués.
C'est grâce à eux si l'on sait exactement
ce qui c'est passé, non pas que notre milice eut été
incapable de résoudre un tel mystère, nous savons
de quelle efficacité elle est douée (cf. l'affaire
Soui-Mon d'il y a deux ans), mais à ce moment-là bien
que présente sur les lieux, elle était occupée
à autre chose (sic!). Parmi tous les prétendants au
rôle masculin, s'était glissé un véritable
berserker queniëlen qui avait tout à fait le physique
du héros de la pièce. Mais le physique ne suffit pas
sur une scène encore faut-il être bon acteur et savoir
incarner son personnage. Pour en juger, l'équipe de la pièce
et du théâtre avait élaboré une scène
où le personnage devait faire montre de son éloquence,
de son physique et de son sens de l'improvisation. En terme de jeu,
entrer par une porte piégée, sermonner le vilain avant
d'engager un combat fictif.
Quand le candidat queniëlen fit son entrée,
M. Sob Aiztian lâcha un " non " péremptoire
signifiant la piètre performance du guerrier et son renvoi
immédiat de l'audition. Quoique... en fait l'inflexion de
ce " non " se modifia quand tout le monde se rendit compte
de la nature de " l'artiste " piégé, ce
" non " devint une supplique, un souhait, une prière.
Mais la rage destructrice du berserker queniëlen ne saurait
pardonné un acte aussi peu martial, se faire piégé
par un seau de peinture blanche posé sur le haut d'une porte
et qui, de dépit et par gravité tombe quand la porte
s'ouvre. Mais aller faire comprendre ça à un queniëlen...
berserker en plus!
écrit par JAZZY, Juillet 2001.
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